|
Dossier spécial : Iltis, quand le quattro s'en
va-t-en guerre. |
Texte : C.Durand / Crédits
photographiques : VAG - Bundeswehr - Défense Nationale Canadienne -
archives web. ©2007
audisportcollection.com |
Si l'année passée nous vous
avions proposé un dossier spécial sur l'Audi V8, c'est sur un
terrain bien différent que nous allons vous emporter cette
fois-ci. Oubliez le confort pullman sur de longs trajets
autoroutiers, oubliez les senteurs mêlées de cuir Connolly et
de racine de noyer, et chaussez vos rangers car nous partons
en manoeuvres.
Bien que badgé Volkswagen,
vous le savez, l'Iltis est en réalité une Audi à part entière.
Pensé chez Audi, conçu chez Audi, testé chez Audi et bien
évidemment assemblé chez Audi. Qui plus est, le putois
(traduction du mot allemand Iltis) est considéré à juste titre
comme l'ancêtre de notre chère quattro. Voilà bien deux
raisons suffisantes pour s'intéresser à lui sur ASC.
Enfin, si sa vocation
initiale était purement militaire, nous allons voir que
l'Iltis entame une nouvelle carrière en matière de véhicule de
loisirs civils. Il est le compagnon idéal pour les balades
familiales en campagne, pour les parties de pêche et de chasse
ou encore pour toutes les tâches utilitaires que vous
souhaiteriez lui confier. Qui n'a pas envie, l'été arrivé, de
décapoter, abaisser le pare-brise, et rouler cheveux au vent
en profitant de tous les arômes d'une nature fleurie ?
D'ailleurs, en parlant de floraison, les espèces les plus
vivaces ces dernières années ne sont pas les aconits ou la
bruyère, mais plutôt les Ultralytes et le Multalaser. Or,
l'Iltis est véritablement l'Audi rêvée pour prendre un plaisir
automobile différent, un plaisir qui ne se paiera pas par
liasses de trois points sur votre
permis.
|
|
Europa
Jeep.
Il faut revenir à 1966 pour
planter le décor dans lequel est né l'Iltis. C'est cette
année-là que l'Allemagne de l'Ouest, la France et l'Italie
scellent un projet commun baptisé "Europa Jeep". Il s'agit de
mettre le savoir-faire de chacun en commun pour la conception
d'un véhicule militaire tout-terrain, amphibie, à traction
intégrale et capable de transporter 500 kilos de charge.
Encore faut-il préciser que dans tous ces pays, il est urgent
de remplacer du matériel arrivé à bout de souffle : les Jeep
M201 en France, les DKW Munga en RFA et les Fiat Campagnola en
Italie.
Deux consortiums voient le
jour. D'un côté Saviem, MAN et Fiat, de l'autre Hotchkiss,
Büssing et Lancia. Quatre ans plus tard, deux prototypes sont
opérationnels pour des essais. Anecdotiquement et
parallèlement, BMW étudiera également le sien. Mais l'affaire
traîne en longueur et en 1976 la France se retire du projet,
le faisant définitivement capoter.
Toujours est-il que certains
historiens de l'automobile voient dans les lignes de l'Iltis
une nette influence du prototype Hotchkiss-Büssing-Lancia.
Sujet ouvert à controverses selon nous, sachant que l'étude
d'un engin militaire tout-terrain conduit sensiblement, à
terme, à des solutions identiques.
|
|
Testé et approuvé par la
Bundeswehr.
Dès la fin de 1975, la
Bundeswehr qui pressent l'avortement de l'Europa Jeep, lance
un appel d'offres pour la fourniture de 8800 unités d'un
véhicule tout-terrain devant succéder aux obsolètes DKW Munga.
Deux constructeurs entrent alors en lice. D'un côté
Daimler-Benz avec le Geländewagen et de l'autre Volkswagen
avec l'Iltis. Précisons que les derniers Munga ayant été
livrés en 1968, Audi avait anticipé le renouvellement du parc
de l'armée en ayant d'ores et déjà dans ses cartons l'ébauche
d'un remplaçant. Ce sont, entre autres, Jörg Bensinger et
Roland Gumpert qui se chargeront du développement sous la
hiérarchie de Ferdinand Piech.
Le cahier des charges dont
voici un extrait retranscrit est extrêmement rigoureux :
l'engin doit avoir une
longueur inférieure à 4 mètres - une largeur inférieure à 1,60
mètre - Il doit pouvoir évoluer sur tous les terrains, tout en
satisfaisant aux réglementations en vigueur sur voie publique
- Son utilisation, même intense, doit être possible dans une
plage de température allant de -30°C à +44°C - Sa charge utile
doit être de 500 kilos - sa garde au sol de 22,5 centimètres -
il doit permettre le passage de gués de 60 centimètres -
l'engin doit pouvoir passer de 0 à 50 km/h en 10 secondes
maximum - il doit pouvoir rouler à 4 km/h et pouvoir gravir
une côte de 50% à pleine charge - il doit posséder 4 sièges
individuels dans le sens de la marche - la transmission avant
doit être débrayable pour les déplacements sur route - il est
souhaitable que la transmission arrière soit pourvue d'un
blocage de différentiel - l'engin doit supporter une
accélération de 8G lors d'un héliportage en tant que charge
extérieure - il doit nécessiter l'entretien le plus aisé
possible.
Durant l'hiver 75/76,
l'équipe Audi fait subir les pires souffrances aux prototypes
d'Iltis. Sur une piste d'entraînement pour chars d'assaut
toute proche d'Ingolstadt, dans les montagnes autrichiennes,
dans les dunes algériennes puis dans les neiges suédoises et
finlandaises. C'est d'ailleurs au cours de tests
complémentaires à l'hiver 1976 que l'Audi quattro naîtra dans
la tête du génial Jörg Bensinger.
En mai 1976, un contrat
stipule la livraison de 10 prototypes pour novembre de la même
année. Prototypes destinés aux essais militaires cette fois,
véritables examens de passage. En 1977, "le Volkswagen Iltis
satisfait à tous les tests" selon le communiqué de la
Bundeswehr. Il est donc choisi, laissant Daimler-Benz bon
perdant. La production débute à l'été 1978. C'est finalement
le 30 novembre 1978 que les 200 premiers Iltis sont livrés à
l'armée allemande.
L'Iltis est un mécano géant
constitué quasi intégralement de pièces issues des banques
Audi (80 et 100), Volkswagen (Golf et Coccinelle) et
Auto-Union (Munga). D'ailleurs, si conventionnellement on
considère l'Iltis comme le point zéro de l'ère quattro, celui
par lequel tout a commencé, on pourrait remonter à
l'Auto-Union DKW Munga à qui l'Iltis emprunte déjà quelques
concepts. |
|
Elaboré à partir de 1953 et
opérationnel dès 1956, le Munga, pour Mehrzweck Universal
Geländewagen mit Allradantrieb (qui pourrait être traduit par
"véhicule polyvalent tout-terrain à 4 roues motrices")
possédait déjà dans les grandes lignes l'architecture que l'on
retrouve sur l'Iltis puis sur les Audi quattro. Notamment
l'idée géniale de la symétrie. Puisque dès le Munga, les
trains avant et arrière étaient interchangeables. Une symétrie
que l'on retrouve sur l'Iltis et dans une moindre mesure sur
nos Audi quattro, où le train arrière est étonnamment
semblable à son homologue avant. |
|
Bien entendu, cette
conception était un atout majeur en matière de logistique
militaire : moins de pièces à stocker ou à acheminer et
surtout une maintenance grandement simplifiée. Probablement
que certains d'entre vous se souviennent, en guise de
contre-exemple, de la fameuse jeep Delahaye conçue pour
l'armée française. Une jeep merveilleuse d'efficacité, mais
tellement complexe à entretenir que l'armée dut renoncer à
l'employer.
Schnaps ou sirop d'érable
?
On distingue très clairement
trois périodes dans la production de l'Iltis. La première de
1978 à 1982, durant laquelle Ingolstadt honore la commande de
la Bundeswehr. Comme vu précédemment, les 200 premières unités
seront livrées fin novembre 78. 52 autres suivront en
décembre. En octobre 1981, le contrat est rempli et les 8800
véhicules sont livrés. Pour être exact : 8470 unités affectées
à la Heer (armée de terre), 310 à la Luftwaffe (armée de
l'air) et 20 à la Marine. Lors du salon de Genève 1979,
Volkswagen présente anecdotiquement une déclinaison civile de
l'Iltis. Ingolstadt en assemble 747 unités. L'Iltis reste, et
restera durant toute sa carrière, l'arlésienne en France. S'il
est disponible via l'importateur français, aucune
communication n'est faite. En réalité, des tractations entre
Volkswagen et Citroën sont en cours pour que le Quai de Javel
produise son propre Iltis sous licence. Volkswagen ne souhaite
donc pas brûler la priorité à Citroën sur son propre marché.
En définitive le projet avortera, et seulement 12 Iltis
Volkswagen seront malgré tout importés en France, uniquement
durant l'année 1981, à la demande de clients particulièrement
pugnaces. La production globale de cette période que nous
appellerons VW1 s'élève à 9547
exemplaires.
En 1983, le gouvernement
canadien achète à Audi la licence ainsi que les outils de
production. Production qui est dès lors confiée au groupe
industriel national Bombardier. Environ 6000 unités d'Iltis
Bombardier tomberont des chaînes de l'usine de Valcourt en
Estrie, dont 2500 seront immédiatement absorbées par le
Ministère de la Défense Nationale selon un contrat de 68
millions CAN$ (incluant, en marge des lltis, l'équipement
militaire, la fourniture de pièces détachées, etc.). En 1985,
Bombardier négocie un nouveau marché avec l'armée belge qui
passe commande de 2500 autres Iltis. Comme on le verra plus
tard, l'assemblage final de ces exemplaires sera réalisé à
l'usine de Forest (Belgique).
En cette même année 1985, la
production de l'Iltis est reprise à Ingolstadt où sont
assemblées de nouvelles unités pour la Bundeswehr. Le moins
que l'on puisse dire, c'est que cette production est
sporadique, alternant plusieurs mois d'inactivité et cadences
soutenues. Du flux très tendu en quelque sorte. Pour le
millésime 86, un peu moins de 400 unités seront fabriquées. Au
millésime 87, seulement 14 Iltis tomberont des chaînes entre
août et octobre 1986 ! Enfin, pour le millésime 88, Ingolstadt
produit une ultime fournée de 871 unités, en motorisation
Turbo Diesel c'est une nouveauté, toujours pour le compte de
la Bundeswehr.
En résumé, la production
totale d'Iltis sur les trois périodes (VW1 - Bombardier - VW2)
est estimée entre 16 et 17 000 exemplaires (10 801 de façon
certaine pour VW1+VW2). |
|
VW1
|
Bombardier |
VW2 |
1978-1982 |
9547 |
- |
- |
1983-1988 |
- |
6000* |
- |
1985-1988 |
- |
- |
1254 | |
*
Estimation. |
Ma cabane au
Canada...
Du côté canadien,
figurez-vous que les Iltis fournis en 1984 et 1985 étaient
encore en activité 20 ans plus tard (la durée de vie
économique de l'Iltis prévue par la Bundeswehr était de 15
ans). En effet, ça n'est qu'en 2004 que le renouvellement du
parc a débuté. Chevrolet Silverado et Mercedes G sont désignés
comme nouveaux VULR (Véhicule Utilitaire Léger à Roues) suite
à un contrat avec General Motors en octobre 2002 et avec
Daimler-Benz en octobre 2003. C'est en réalité deux
dramatiques accidents survenus en Afghanistan qui ont conduit
l'armée canadienne a précipiter le renouvellement des
Iltis. |
|
En effet, lors d'une
patrouille de reconnaissance le 2 octobre 2003 dans la vallée
de Jowz, un des deux Iltis présents dans le convoi pose la
roue arrière droite sur une mine anti-char TM57. Le véhicule
est projeté à huit mètres du point d'impact et deux des trois
occupants décèderont malheureusement sur le coup. Le 24
janvier 2004 et dans la même région, un caporal de 26 ans est
tué dans l'explosion de son Iltis alors qu'une "human bomb" se
jette sur le capot. Ironie du sort, toujours en Afghanistan
mais en 2005, c'est un Mercedes G qui va cette fois être
confronté à un engin explosif. La photo ci-dessous, à
rapprocher de celles de l'Iltis deux ans plus tôt, parle
d'elle-même. |
|
Il est certain que d'un
simple point de vue structurel (absence de toit et de portes
en dur, absence de blindage, poids minimal), l'Iltis est bien
moins prémuni dans ce genre de situation. A contrario, le
Mercedes G, plus lourd, fermé, et surtout entièrement blindé,
a su préserver une cellule de survie à ses occupants. La roue
tourne, et si l'Iltis grâce à son arceau de sécurité était
considéré vingt ans auparavant comme un pas important en
matière de sécurité par rapport à la
Jeep, il devient peu à peu la
bête noire des militaires canadiens. Même si ces derniers lui
accordent volontiers une agilité et des capacités de
franchissement bien supérieures à celles du G, la psychose
généralisée les conduira à baptiser l'Iltis "piece of shit"
(tas de merde).
Ajoutons tout de même avant
de fermer cette parenthèse et pour être totalement objectif,
que le communiqué de presse relatant l'explosion de 2005 est
très évasif quant à la nature de l'engin utilisé. On y parle
d'un "dispositif explosif improvisé" (une bombe artisanale en
somme) dont la puissance est inconnue, et peut-être bien
inférieure à la TM57 soviétique d'une charge habituelle de
6,34 kg de TNT. On peut donc penser que le Mercedes G aurait
pu subir de plus lourds dommages.
Cela étant dit, revenons
donc à la nouvelle carrière d'engins de loisirs des Iltis
Bombardier. Suite à la mise au rebut débutée en 2004 et qui
s'achève tout juste en 2007, ce sont d'impressionnants lots
d'exemplaires ex-armée qui se retrouvent régulièrement et
depuis trois ans à l'encan public, équivalent de nos ventes
aux enchères ou ventes des Domaines. Il faut compter entre
2000 et 4000 CAN$ (soit environ 1300 à 2600 euros) pour
acquérir un de ces putois réformés. Ce qui reste une somme
très correcte si on la rapporte au revenu moyen annuel d'un
canadien actif. En outre, après ses vingt ans de bons et
loyaux services à la défense du pays et même si sa fin de
carrière est entachée par les drames afghans, l'Iltis conserve
une certaine valeur sentimentale pour beaucoup de canadiens.
Enfin, on entrevoit bien l'intérêt que peu représenter l'achat
d'un 4x4 pour une si modeste somme, dans un pays dont la
fréquence et le niveau d'enneigement sont réputés.
Et pourtant... Et pourtant,
ce sont par dizaines que les Iltis pourrissent sur parc faute
de preneurs. Il y a tout d'abord un énorme souci de qualité :
les véhicules mis en vente par la Défense Canadienne sont pour
leur majorité très fatigués, voire même incomplets. A ceci
s'ajoute une législation qui n'incite pas davantage à l'achat
d'engins militaires. En effet, les véhicules de la Défense
Nationale ne sont pas soumis aux inspections mécaniques
applicables aux véhicules civils. En revanche, cette
inspection devient évidemment incontournable lors de la
démilitarisation. Dès lors, l'acheteur potentiel québecois
d'un Iltis à l'encan, a l'obligation de faire remorquer sa
nouvelle acquisition jusqu'à un centre agréé par la SAAQ
(Société de l'Assurance Automobile du Québec). Là s'engage une
partie de roulette russe. Imaginez que vous achetiez, en
France, une automobile qui n'a pas passé de contrôle technique
depuis 20 ans, mais qu'on vous oblige à en passer un après
l'achat ! Sans compter que lors d'un encan, tout comme souvent
lors de nos enchères nationales, l'acheteur est seulement
autorisé à démarrer le véhicule et à l'inspecter visuellement
(pas de passage sur pont, pas d'essai routier). Dans ce
contexte, vous ne serez pas étonnés d'apprendre que bien des
gens ont eu la mauvaise surprise d'obtenir le précieux sésame
à grand renfort de travaux et de frais supplémentaires, voire
de ne simplement pas pouvoir faire immatriculer leur
Iltis. |
|
|
Face à cette situation,
quelques astucieux ont entrevu le moyen de gagner quelques
dollars en satisfaisant à la demande des amateurs canadiens
d'Iltis. Les versions Volkswagen ex-Bundeswehr étant réputées
en bien meilleur état, plusieurs entreprises dont la plus
connue reste Fast Foward Automotive, se sont spécialisées dans
l'importation d'Iltis allemands au Canada. FFA proposa par
exemple des modèles 1980, en très bon état avec environ 30 000
kilomètres, acheminés en container par avion jusqu'à
Vancouver, au tarif de 13 500 CAN$ (8900 euros). Certes, c'est
3 à 6 fois plus cher qu'un Iltis Bombardier acheté sur place,
mais l'auto est ici vendue clé en main : "pay and enjoy".
En définitive, la situation
est plutôt cocasse, puisqu'un pays qui a produit quelques six
mille Iltis trouve le moyen d'en importer massivement depuis
l'Allemagne tout en laissant pourrir les modèles locaux.
|
Ex-Bundeswehr, le label
qualité.
Les Iltis de l'armée
allemande sont les premiers qui se sont retrouvés sur le
marché civil. Dès le début des années 90, le Mercedes G les
chasse peu à peu des rangs. Certains lots sont revendus à
d'autres armées, comme c'est le cas en 1997 où 250 Iltis
partent en Turquie, en Grèce et en Estonie. Estonie qui,
précisons-le au passage, se débarrasse actuellement et à son
tour de ses Iltis. D'autres lots ont été donnés à des
organisations humanitaires qui les utilisent toujours.
Le reste du parc réformé de
la Bundeswehr a été acheté, souvent par lots entiers aux
enchères, par des commerçants spécialisés en véhicules
militaires qui revendent ensuite à la pièce.
|
|
Mais les exemplaires les
plus abîmés finissent leur carrière abandonnés comme le
montrent les tristes clichés suivants.
|
|
Pour une raison que nous
évoquerons au cours de ce dossier, les versions Volkswagen de
l'armée allemande sont les plus recherchées. Si elles
s'exportent allègrement vers le Québec et même les Etats-Unis
(nouvelle coqueluche des plages californiennes au même titre
que "The VW Thing" ?), les allemands sont les premiers
fanatiques de leur putois national. Des clubs de plus en plus
importants se développent, et l'Iltis est en passe d'y devenir
une valeur sûre dans la catégorie des engins de loisir et de
collection. Ces Iltis sont aussi, par la force des choses
(proximité géographique, date de réforme, etc.), les versions
les plus couramment rencontrées sur notre marché hexagonal.
Leur cote est sans commune
mesure avec les Bombardier canadiens. En effet, il faut
compter entre 3000 et 8000 euros pour un Iltis ex-Bundeswehr
selon l'état et l'équipement. Une cote soutenue par
l'enthousiasme germanique dont nous parlions à l'instant. En
revanche, la fourchette semble peut-être haute au regard d'un
engouement français encore timide. Pourtant, elle est en
réalité assez compétitive face aux cotes des Land Rover, Jeep
ou autres "Toy".
Enfin, et puisque nous
parlons de l'Iltis sur le marché français, il convient
d'évoquer quelques tabous qui ont la vie dure. Bien que les
nouvelles générations se succèdent et tendent à tourner les
pages les plus sombres de l'histoire, un fond de malaise
subsiste. Il suffit d'assister à un défilé de véhicules
militaires de collection pour mesurer la différence de
sympathie que le public accorde à une mythique Jeep, symbole
de la Libération par excellence, et à une Schwimmwagen de la
Wehrmacht. Il ne fait donc nul doute que certains craignent
encore, parfois inconsciemment seulement, de provoquer, ou
tout au moins de s'attirer l'antipathie des passants, en
roulant dans un véhicule militaire allemand.
Cela va pourtant sans dire,
l'Iltis est un engin de l'ère OTAN et ses états de service
dans le cadre d'opérations humanitaires devraient lui
permettre de gagner la considération qu'il
mérite. |
Iltis belges : à contre
coeur.
Quand bien même l'Iltis
reste un véhicule emblématique de l'armée belge, nous allons
voir que son arrivée dans les rangs a été l'issue d'un épisode
mouvementé, et qu'il ne fut pas finalement accueilli avec
grand enthousiasme.
Tout commence le 18 janvier
1982 lorsque le Conseil des Ministres donne son feu vert à
l'achat de 2500 véhicules. Le 29 mars, le cahier des charges
est communiqué à trois entités que sont : SA Autoproduct
(filiale de l'importateur Toyota qui représente la firme
canadienne Bombardier), SA Mercedes-Benz et SA
Beherman-Demoen. L'un défendant les intérêts de l'lltis,
l'autre du 230 G et le troisième du Land Rover série 3. A
compter du 1er septembre 1982, les tests débutent au centre
d'expérimentation technique de Brasschaat près d'Anvers.
L'arsenal de Rocourt sera en charge quant à lui de mesurer
l'usure des pièces sur les trois types de véhicules. Or, à
l'issue de ces tests, et bien que ce soit le Land Rover qui
était pressenti comme favori (suite logique des Minerva), les
autorités militaires s'avoueront enthousiasmées par le
Mercedes G. En octobre 1983, cet engin est définitivement
retenu et sera fabriqué dans les usines Van Hool à
Koningshooit.
C'est à cet instant que va
se jouer un véritable coup de théâtre juridico-commercial.
Entre le 8 et le 12 octobre 1983, soit avant la publication de
ces résultats, Mercedes lance dans la presse belge une série
de publicités annonçant le G comme seul 4x4 retenu par
l'armée. Beherman-Demoen, pour le compte de Land Rover,
intente un procès pour publicité mensongère et déloyale.
British-Leyland vient en appui de son importateur, en arguant
cette fois que le G n'est pas conforme au cahier des charges
(sur certains points de détail) et, surtout, que les
techniciens militaires belges n'ont pas fait preuve
d'impartialité. Il faut dire que dans leur rapport, ils
déclarent simplement le 4x4 britannique inapte au service
d'une armée ! Autoproduct, responsable des intérêts de l'Iltis
Bombardier, prend soin de rester à l'écart du débat.
Devant une telle situation,
le Ministère de la Défense belge hésite, puis fait machine
arrière, de telle sorte que les trois concurrents sont de
nouveau en lice jusqu'au 29 mai 1984. Le 7 juillet de la même
année, à la stupeur générale, le gouvernement tranche en
faveur de Bombardier, contre l'avis défavorable du Ministre de
la Défense et des techniciens militaires ! Bien entendu, cette
décision ultime qui marque la fin d'un épisode rocambolesque,
ne sera pas du goût de tout le monde. En réalité, le choix
définitif de l'Iltis n'aura été dicté que par des raisons
politiques, notamment relatives à l'attribution de
compensations économiques, plutôt qu'aux qualités reconnues
dans le cadre des tests militaires.
Le 5 février 1985, la
commande ferme est passée. Les carrosseries sont réalisées à
Valcourt au Québec, les moteurs sont en provenance de
Volkswagen Allemagne et l'assemblage final des sous-ensembles
ainsi que la peinture sont effectués à l'usine Volkswagen de
Forest. Les établissements D'Ieteren, initialement prévus pour
la gestion de l'Iltis Bombardier sur le territoire belge,
cèderont finalement leur place à VW-Bruxelles, filiale de
Volkswagen AG. La livraison des 2500 unités débute en janvier
1986 et est totalement achevée en octobre 1987.
A la différence de la
Bundeswehr et de la Défense Nationale Canadienne, l'armée
belge utilise encore aujourd'hui ses Iltis.
Ce qui ne saurait durer
encore bien longtemps d'ailleurs, puisque début 2005 elle a
lancé un appel d'offres pour la fourniture d'un successeur au
charroi de Bombardier. Huit constructeurs étaient en
compétition avant que ne soit choisi le LMV Iveco. Selon le
calendrier du Ministère de la Défense Belge, il faudra
attendre fin 2007 pour voir la première unité opérationnelle
équipée en Iveco. Ce qui signifie, vous l'aurez compris,
qu'une dernière vague d'Iltis réformés va débouler sur le
marché de l'occasion à partir de l'année prochaine. Ce sera
sans aucun doute la dernière.
|
|
Au-delà du manque
d'engouement des militaires belges à l'égard d'un engin qui
finalement leur a été proposé contre leur gré, l'armée belge
a, aussi et très tôt, dû faire face à de dramatiques
accidents. C'est le cas dès mars 1993 lors d'une campagne en
Afrique, où dans la région de Kismayo trois commandos
parachutistes sont tués à bord de leur Iltis après avoir
touché une double mine anti-char
soviétique.
Cette faiblesse récurrente
de l'Iltis face aux engins explosifs conduit l'armée belge à
mener de nombreux tests afin d'évaluer les dégâts subis dans
pareille condition (photo
ci-dessous).
A l'issue de ces tests,
quelques modifications seront appliquées. Les pare-brises
recevront par exemple du film autocollant afin de minimiser la
projection d'éclats de verre. Les faces intérieures de la
carrosserie seront recouvertes de coques en Kevlar agissant
comme un blindage. Mais, outre peut-être l'impact (sans
mauvais jeu de mot) psychologique sur les hommes de terrain,
ces modifications ne pourront prétendre à une réelle
efficacité (blindage seulement balistique, insuffisant pour
les engins explosifs). |
|
C44 : l'Iltis
franco-allemand.
Tout comme la Bundeswehr,
l'armée française doit, malgré l'insuccès de l'Europa Jeep,
remplacer un parc obsolète de quelques 10 000 Jeep. A cet
effet, les trois constructeurs hexagonaux sont sollicités mais
aucun n'est enthousiaste à l'idée de créer de toutes pièces un
véhicule destiné à une si faible production. Vient alors
l'idée de joint-ventures avec des partenaires étrangers qui,
eux, fabriquent déjà des engins militaires tout-terrains. Dans
ce genre d'accord, tout le monde est gagnant : les uns
amortissant un peu plus encore l'outil de production, les
autres profitant de l'existant. C'est ainsi que Peugeot
s'associera à Daimler-Benz pour créer le P4, Mercedes G à
moteur de 504, Citroën à Volkswagen pour le C44, Iltis à
moteur de CX, et enfin Saviem à Fiat pour le TRM500, Nuova
Campagnola à moteur de R20.
C'est le Peugeot P4 qui
deviendra le véhicule léger attitré de l'armée française,
reléguant le C44 et le TRM500 au statut de projets mort-nés.
Un choix d'autant plus dommage pour nous que
Citroën avait manifesté
l'intention de commercialiser une version civile du C44. Chose
qui, non seulement n'arrivera pas, mais qui comme on l'a déjà
évoqué contrariera grandement les ventes de vrais Iltis civils
par le réseau VAG France. |
|
Au-delà de la carrière
embryonnaire du C44, on ne manquera pourtant pas de souligner
que l'Iltis Volkswagen a servi aussi sous le drapeau
bleu-blanc-rouge. En effet, aux côtés des Jeep, les forces
françaises stationnées en Allemagne et notamment à Berlin,
utilisèrent, elles aussi, les
putois. |
Transmission : 8 en
1.
Ce ne sont pas moins de 8
configurations de transmission que l'Iltis offre à son
utilisateur. Au contraire de l'Audi quattro dont il est le
papa, l'Iltis est un 4x4 non permanent. Le train avant peut
donc être débrayé, comme le demandait le cahier des charges de
la Bundeswehr. A cause de l'absence de différentiel central,
cette configuration permet d'éviter les tressautements en
virages un peu serrés (et par là-même de soulager les éléments
de transmission) tout en diminuant la consommation de
carburant.
Mais le très gros atout de
l'Iltis, là encore suggéré dans le cahier des charges initial,
c'est le blocage du différentiel arrière. A l'instar d'une
Audi quattro, le blocage de pont de l'Iltis solidarise les
roues de l'essieu et assure ainsi un pouvoir de traction
inégalable. C'est en majeure partie ce dispositif qui permet à
l'Iltis de se sortir de bousiers dans lesquels, généralement,
Jeep et Land Rover restent plantés. D'ailleurs, à époque et
engins comparables, seul le Mercedes G proposait une
fonctionnalité identique, ce qui, on l'aura compris, n'a rien
d'un hasard pour un véhicule issu des mêmes exigences
militaires. Notons au passage qu'il
subsiste quelques interrogations, ou divergences d'avis selon
les sources, quant au blocage du pont avant sur l'Iltis.
D'aucuns parlent par exemple d'une option. Pour notre part,
voilà le constat que l'on a pu faire lors de l'élaboration de
ce dossier : les Iltis Bombardier ont systématiquement le
blocage avant - les Iltis Volkswagen civils ont
systématiquement le blocage avant - les Iltis Volkswagen
Bundeswehr n'ont pas de blocage avant. Ou "n'ont pas tout du
blocage avant" devrait-on dire plus justement. Car sur
plusieurs exemplaires, il a été découvert que le pont avant
possédait bien le mécanisme et la fourchette de blocage, mais
qu'en revanche la tringlerie de commande était absente ! La
Bundeswehr aurait-elle demandé à Audi de supprimer cette
fonctionnalité afin d'éviter accidents ou dommages mécaniques
qu'aurait pu engendrer son enclenchement inadéquat ?
Enfin, si nous avons à juste
titre vanté la supériorité de l'Iltis sur de légendaires
références, grâce aux blocages, l'impartialité nous oblige à
souligner également le gros défaut du putois d'Ingolstadt. En
l'occurrence, son ersatz de boîte de transfert. Pour les
non-initiés à la pratique du 4x4, la boîte de transfert est un
assemblage supplémentaire de pignons qui permet de réduire les
rapports de la boîte principale. Le but du jeu étant de
limiter la vitesse d'évolution, mais surtout de décupler le
couple aux roues. En gros, votre 4x4 roule très lentement mais
est capable de gravir des côtes extrêmement fortes et
bénéficie d'un énorme frein moteur dans les descentes
abruptes.
Toutefois, sur les 4x4
classiques comme le Land Rover ou la Jeep, la boîte de
transfert est indépendante de la boîte principale et permet la
réduction de tous les rapports. En réalité, le véhicule n'a
plus 4 vitesses, mais 8 (voir schéma ci-dessous) : les 4
vitesses standards plus ces 4 mêmes vitesses réduites. Pour
une raison de poids et d'encombrement, l'Iltis ne possède pas
une vraie boîte de transfert mais seulement une première
ultra-courte appelée "première rampante" (G rouge pour
Geländewagen). Si ce dispositif s'avère bien suffisant dans la
majorité des situations courantes, cette vitesse est encore
jugée trop longue dans les cas
extrêmes.
|
|
Les schémas ci-après
résument les huit combinaisons de transmission disponibles en
utilisant l'enclenchement du pont avant, les blocages avant et
arrière ainsi que la première
rampante. |
|
|
L'Iltis dans les
détails.
L'Iltis a majoritairement
reçu deux moteurs essence (YX, WL) qui lui sont spécifiques,
même si largement inspirés du bloc Audi-VW qui animait les
premières Chrysler Omni (équivalentes à notre Talbot Horizon
en version US). D'une cylindrée identique de 1714 centimètres
cubes, ces deux blocs se distinguent par un équipage mobile
légèrement différent. En effet, le WL est monté avec des
pistons à têtes concaves qui abaissent le taux de compression
et autorisent ainsi l'utilisation de carburants à faible
indice d'octane. Une configuration qui s'avérait nécessaire
pour les opérations militaires au sein de régions du monde où
l'essence n'est pas toujours de grande qualité. Cela dit, la
très grande majorité des Iltis ont reçu le YX.
En toute fin de carrière
(époque VW2), l'Iltis sera équipé d'un quatre cylindres 1.6
turbo diesel, lui aussi très proche des versions utilisées
pour la production civile. |
|
YX |
WL |
1C |
Période de
fabrication |
08/78 -> 12/88
|
08/78 ->
12/88 |
08/87 ->
12/88 |
Carburant |
Essence |
Essence |
Gasoil |
Cylindrée
(cc) |
1714 |
1714 |
1588 |
Alésage x course
(mm) |
79,5 x
86,4 |
79,5 x
86,4 |
76,5 x
86,4 |
Puissance max (kW /
ch) à régime (tr/min) |
55 / 75 à
5500 |
51 / 70 à
5000 |
51 / 70 à
4500 |
Couple max (mkg) à
régime (tr/min) |
13,5 à
2800 |
12,6 à
2800 |
13,2 à
2500 |
Taux de
compression |
8,2 :
1 |
7,3 : 1
|
23 :
1 |
Alimentation |
Carbu
1B1 |
Carbu
1B1 |
Turbo | |
|
Du fait même de sa
destination militaire, l'Iltis possède beaucoup d'équipements
spécifiques que nous ne sommes pas habitués à croiser dans
notre monde d'Audi plus classiques. C'est par exemple le cas
de l'alimentation électrique en 24V conformément aux
directives de l'OTAN. Seules les rares versions civiles sont
en 12V. L'allumage est également spécifique, puisque blindé et
étanche. L'Iltis ne craint donc ni l'immersion partielle et
temporaire de sa baie moteur lors du passage de gués, ni les
interférences causées par les systèmes de radiocommunication
qui étaient souvent embarqués. |
|
L'alimentation de l'Iltis
est confiée au carburateur Solex 1B1. Mais si ce carbu est
bien connu des VAGistes puisqu'utilisé également sur les Audi
80 et Passat 1300 cc, ou encore sur le LT, il s'agit d'une
déclinaison réellement spécifique à l'Iltis. En effet, les
gicleurs y sont positionnés de manière à ce que l'alimentation
soit possible quelle que soit l'assiette du véhicule. Forts
dévers ou fortes pentes ne risquent donc pas de perturber le
fonctionnement du moteur.
Le 1B1 de l'Iltis est
reconnaissable à sa référence VAG démarrant par 049 (036 pour
les versions 80/Passat et 060 pour les versions LT). De même,
le 1B1 est différent selon qu'il s'agisse d'un Iltis civil ou
d'un Iltis militaire : 049 129 015L en 24V et 049 129 015M en
12V. |
|
L'admission d'air est elle
aussi pensée pour les plus rudes épreuves. Non seulement elle
est totalement étanche, mais elle dispose d'un astucieux
système thermostatique qui permet au besoin de faire circuler
l'air par un circuit de préchauffage. La température
d'admission idéale est fixée à 25° : au-delà le clapet de
by-pass est fermé, en-deça il s'ouvre. Ainsi, l'Iltis peut
évoluer malgré des températures ambiantes extrêmement basses.
|
|
 |
Côté architecture,
l'Iltis est conçu selon le schéma
traditionnellement utilisé en
matière d'utilitaires tout-terrains, à savoir une caisse
et un châssis séparés, l'une étant boulonnée sur
l'autre. Bien que ce concept soit aujourd'hui abandonné
dans la construction automobile (au profit de la coque
auto-porteuse), il représente un gros avantage en
matière d'entretien et de restauration. Ainsi, une
caisse abîmée, vrillée, exagérément dévorée par la
corrosion peut-être changée indépendamment du châssis.
Ou vice-versa.
| |
Mais si le principe du
châssis/coque séparés est un peu archaïque, l'Iltis est en
revanche très novateur en ce qui concerne la liaison au sol.
Les 4x4 rustiques utilisent depuis toujours des ponts rigides
suspendus par ressorts à lames. C'est d'ailleurs cette
conception qui autorise les fameux croisements de ponts si
chers aux passionnés de franchissement. Sur l'Iltis, Audi a
retenu une solution bien plus moderne, à roues indépendantes
semi-triangulées. Pour faire simple, un train d'Iltis
ressemble bien davantage au train d'une Audi 80 qu'à celui
d'un Land Rover. Une architecture qui confère au putois des
qualités routières bien supérieures et ne donne pas, à son
volant, l'impression de conduire un Acmat
! |
|
En revanche, lors d'une
utilisation sévère en tout-terrain, l'Iltis demande un petit
temps d'adaptation. Comme la suspension triangulée interdit
par nature les croisements de ponts, il est de nombreuses
circonstances, lors de franchissements, où le putois lève la
patte ! Cette caractéristique conduit les off-roaders purs et
durs à détester l'Iltis. Pourtant dans les faits, le Mercedes
G (le frère ennemi) et lui sont sans aucun doute les engins
les plus performants de leur génération.
On notera enfin la
disposition transversale du paquet de lames, une solution peu
conventionnelle.
Le freinage est assuré par
quatre tambours empruntés à la Coccinelle, pièces éprouvées
s'il en est, et largement suffisantes pour stopper un Iltis
dont le poids est contenu. D'autre part, en évolution
tout-terrain et a fortiori dans un cadre militaire, le tambour
a l'avantage de moins exposer les garnitures et pistons à la
poussière, la boue ou l'humidité qu'un ensemble étrier/disque.
Ce freinage est assisté par un mastervac emprunté à l'Audi
50. |
|
L'identification
s'effectue sur la base de quatre indications.
Tout d'abord le numéro
moteur situé, comme sur la plupart des blocs Audi-VW,
sous le plan de joint de culasse, côté bougies. Ici, le
numéro YX000283 correspond à un bloc assemblé en janvier
1979.
Au fond de la baie
moteur sont rivetées deux plaques. Celle qui est la plus
à gauche, dans le bac de rangement, indique le numéro
d'approvisionnement. Cette référence est propre à la
Bundeswehr et n'existe donc pas pour les Iltis
Bombardier. Ici, 2320-12-171-9704 correspond à "camion à
usages multiples", ou autrement dit l'Iltis standard. On
verra plus tard des versions sanitaires qui, elles,
possédaient un numéro d'approvisionnement en 188
(2540-12-188-1176 ou encore 2320-12-188-9080). La
seconde plaque est similaire à la plaque constructeur
que l'on trouve sur n'importe quel autre véhicule.
Enfin, il reste bien
entendu le numéro de châssis frappé à froid. Sur notre
exemple, 187 renvoie au millésime
1977.
|
| |
Petit tour à bord. Amateurs
de confort et de silence, passez votre chemin. L'Iltis est une
voiture d'homme. Et dire qu'on y fait corps avec la mécanique
serait un euphémisme. |
|
Le tableau de bord est
réduit à sa plus simple expression. Un compteur de vitesse,
une jauge, un totalisateur et quelques voyants : température
d'eau, charge des batteries, pression d'huile, température
d'huile, clignotants et phares. A l'exception peut-être de la
circulation urbaine, le compteur de vitesse est déjà presque
superflu. Avant d'atteindre 90 km/h, les bruits aérodynamiques
et de transmission vous auront dissuadé d'augmenter l'allure
sur nationale. Quant à l'autoroute, la vitesse maximum légale
est tout juste la vitesse plafond de l'Iltis, atteinte en
descente et avec un vent force 4 dans le
dos. |
|
A droite de l'unique
compteur qui vous regarde comme l'oeil du cyclope, vous
trouverez le basculeur de mise en route de la soufflante et
celui des feux de détresse. Un peu plus loin encore se trouve
la tirette de starter. A gauche du compteur, cette fois, prend
place le commutateur d'éclairage :
|
|
Les positions "Tag", "1" et
"2" commandent l'éclairage de route habituel. "S1", "S2" et
"S3" actionnent les feux de blackout. Aussi appelés feux de
camouflage, ils permettent à l'Iltis, grâce à un système de
caches, d'évoluer en convoi sans être vu du ciel (voir photo
ci-dessous). En positions blackout, les éclairages courants
sont mis hors-circuit. |
|
A l'extrême gauche du
tableau de bord se situe la boîte à fusibles. Un emplacement
judicieusement choisi, puisqu'il permet en cas de souci
électrique de pouvoir effectuer, très rapidement et sans
descendre du véhicule, un contrôle visuel et un échange au
besoin. |
|
Aux pieds du conducteur,
toujours à gauche, on trouve un robinet coupe-circuit (1)
ainsi qu'une prise en 24 volts permettant l'alimentation
d'appareils supplémentaires (2) comme les dispositifs de
télécommunication portatifs. |
|
Placées entre les deux
sièges avant, voici les commandes de transmission. Le levier
côté conducteur (b) actionne le blocage du différentiel
arrière et celui côté passager (a) le couplage du pont avant
(4x2 -> 4x4). Sur les versions équipées, ce dernier levier
possède une seconde position permettant le verrouillage du
différentiel avant. Dans les deux cas, il faut
soulever la poignée puis la faire pivoter d'un quart de tour
vers l'avant. Cette sécurité évite les manipulations
involontaires. Notons enfin que chacune de ces fonctions peut
être enclenchée en marche. |
|
L'Iltis regorge de détails
astucieux, à l'instar d'une cale de roue fixée juste au pied
du levier de vitesses, d'une pelle de désensablement
positionnée sous le capot, ou encore d'énormes bacs de
rangement de part et d'autre du moteur. Le capot est muni
d'attaches autorisant la fixation d'un sac de rangement. Sac
qui était originalement destiné à recevoir les portes souples
lorsqu'elles étaient ôtées, ou encore le filet de camouflage.
|
|
|
|
Vous noterez, sur la photo
ci-dessus, la présence de deux moto-ventilateurs qui sont à
l'origine d'une anecdote plutôt amusante et devenue célèbre
chez les militaires ayant utilisé l'Iltis. Vous tous
connaissez le bruit caractéristique et très puissant d'un
motoventilateur VW-Audi lorsqu'il se met en branle. Y compris
à l'arrêt pour certains modèles, ce "bzzzououou" lorsqu'il se
déclenche (sans prévenir), est capable d'alerter tous vos
proches voisins que vous venez de faire chauffer votre
monture...
Et bien figurez-vous, aussi
cocasse que cela puisse paraître, que ni Audi, ni les
militaires de la Bundeswehr chargés des tests en 76, ne
semblent avoir pensé aux conséquences désastreuses que pouvait
avoir ce système ! Et quelle ne fut pas la stupeur des
premiers militaires discrètement embusqués à bord de leurs
Iltis, camouflés, en silence radio, lorsqu'ils entendirent ce
soudain et magistral "bzzzououou"...
Pas de batterie dans ce
compartiment moteur ? Et bien non, les deux batteries sont
dissimulées sous les sièges arrière. Une disposition que l'on
retrouvera dans l'Audi quattro. |
|
Le capot de l'Iltis, démuni
de verrouillage (effectué à l'aide d'un cadenas), reçoit des
crochets à plusieurs usages (A). On peut y fixer le sac de
rangement des portes tel qu'on l'a vu précédemment, mais aussi
n'importe quel barda, filet de camouflage, roue de secours
supplémentaire, etc, à l'aide de sangles. A l'extrémité de
l'aile avant gauche, on trouve le support d'antenne radio
principale (B) ainsi que le porte-drapeau. Porte-drapeau
également présent sur l'aile avant droite. Enfin, sur le
pare-choc, deux classiques crochets (C) servent au remorquage
ou l'arrimage. |
|
Passons à la partie arrière
de l'Iltis : A - Jerrican, B - remplissage du réservoir de
carburant, C - feu de black-out arrière, D - prise 12 volts et
prise de terre, E - roue de secours, F - emplacement de
fixation d'une antenne
supplémentaire. |
|
La majorité des Iltis,
qu'ils soient d'assemblage Volkswagen ou Bombardier, ont reçu
des jantes à quatre ouïes autour du bol (photo de gauche). Ce
ne sont que les tout derniers Iltis sortis des chaînes
d'Ingolstadt (VW2) qui recevront des jantes ajourées (photo de
droite). |
|
Dès sa conception, l'Iltis a
été prévu pour répondre à tous les besoins de mobilité
aérienne. Sur de nombreux théâtres d'opérations il fut
héliporté sous élingue (SA-330 Puma, CH-47 Chinook), aéroporté
en soute (C-130 Hercules) et même carrément parachuté. A cette
fin, quatre crochets situés sous l'Iltis prêtent main-forte
aux traditionnels crochets de remorquage avant et arrière, et
une méthode très précise d'arrimage est décrite par la
Bundeswehr : |
|
Sur la photo suivante, on
aperçoit clairement les sangles fixées sur les crochets de
soubassement. Notez aussi les plaques de carton "nid
d'abeille" placées sous l'Iltis et destinées à absorber le
choc à l'atterissage. |
|
Dans sa carrière, l'Iltis a
été souvent modifié au sein même des armées qui l'employaient,
et ce dans la plupart des cas pour pallier de nouveaux
dangers. On a par exemple déjà évoqué les coques de blindage
en kevlar ou le film plastique utilisés par l'armée belge. Il
y a eu aussi le montage de renforts tubulaires à l'avant qui,
non seulement protégeaient des chocs, mais permettaient aussi
l'installation d'équipements supplémentaires comme brins
d'antenne, mâts radio, treuils, ou encore pare-câbles.
|
|
Utile lorsque le pare-brise
est abattu, le pare-câble sauve les occupants d'une
décapitation certaine qui serait provoquée par un filin tendu
au cours d'une embuscade. Accessoirement, il peut aussi
empêcher l'Iltis de capoter par l'avant lors d'une descente un
peu trop rude. Ces montages ont existé, sous diverses formes,
aussi bien sur les versions canadiennes que sur les versions
belges. |
|
|
 |
Lors de certaines
campagnes, notamment en ex-Yougoslavie, les Iltis belges
reçurent une grille de protection contre les jets de
pierres. Cette grille, montée sur charnières, pouvait
s'abaisser au même titre que le
pare-brise. |
 |
Afin d'augmenter
l'autonomie, ou embarquer des réserves d'eau potable,
certains Iltis se sont vu greffer des supports de
jerricans supplémentaires sur les ailes avant. Ici, une
version radio des paras-commandos
belges. | |
Terminons ce tour de l'Iltis
par la liste, probablement non exhaustive mais sûrement
suffisante, des différences qui vous permettront de distinguer
d'un rapide coup d'oeil une version Volkswagen originale d'une
version Bombardier.
A commencer bien entendu par
le logo constructeur, présent au centre du volant et sur la
calandre. Ensuite, dans l'habitacle, les Bombardier recoivent
trois manomètres et trois témoins d'alerte qui n'existent pas
sur le modèle Volkswagen. Toutefois, ces manomètres peuvent
être ajoutés a posteriori puisque l'emplacement est vide.
|
|
|
Les commandes de blocage
sont également totalement différentes sur le Bombardier, comme
vous pouvez le voir sur la photo
suivante. |
|
Enfin, l'éclairage arrière
est spécifique sur les versions canadiennes. Les feux rouges
sont fixés sur les bananes à la manière de feux de fin de
convoi SNCF. Les Bombardier destinés à l'armée belge avaient,
eux, les feux européens intégrés aux bananes, au même titre
que l'Iltis Volkswagen. |
|
Synthèse des
caractéristiques techniques.
Moteur |
- |
Nb de cylindres et
disposition |
4 cylindres en ligne
longitudinal. |
Distribution |
Arbre à cames en tête
- courroie. |
Cylindrée (cc) -
Alésage x course (mm) |
1714 - 79,5 x
86,4. |
Puissance maxi (ch
DIN) à régime (tr/min) |
75 à
5500. |
Couple maxi (mkg) à
régime (tr/min) |
13,5 à
2800. |
Refroidissement |
Par eau - 2
moto-ventilateurs. |
Transmission |
- |
Embrayage |
Monodisque
mécanique. |
Boîte de
vitesses |
Mécanique à 5 rapports
: 4 + G. |
Pont
moteur |
Arrière avec
possibilité d'enclenchement
avant. |
Nombre de
différentiels |
2 : Avant - Arrière.
|
Blocage de
différentiel |
Arrière et avant
(selon version). |
Suspensions |
- |
Architecture |
4 roues indépendantes
semi-triangulées. |
Ressorts |
A lames transversales
avant et arrière. |
Amortisseurs |
A double effet
hydraulique avant et arrière. |
Direction |
-
|
Type |
A crémaillère avec
élément de déformation. |
Freinage |
- |
Type |
Tambours sur les 4
roues - double-circuit. |
Assistance |
Par
servofrein. |
Electricité |
- |
Tension
d'alimentation |
24
volts. |
Batterie |
2 x 45 Ah en
série. |
Allumage |
Blindé et
étanche. |
Alternateur |
55A |
Pneumatiques |
- |
Type |
Michelin 7.0 x 16
XC |
Dimensions,
capacités, poids |
- |
Longueur x largeur x
hauteur (m) |
3,88 x 1,52 x
1,83 |
Empattement
(m) |
2,01 |
Garde au sol
(cm) |
22 |
Hauteur de plancher au
sol (cm) |
33 |
Passage de gué
(cm) |
60 |
Angle
d'attaque |
41°30' |
Angle de
fuite |
32°30' |
Pente maxi
(%) |
77 |
Dévers maxi
(%) |
42 |
Rayon de braquage
(m) |
5,5 |
Voie avant
(m) |
1,23 |
Voie arrière
(m) |
1,26 |
Poids à vide
(kg) |
1300 |
Charge utile
(kg) |
700 |
Poids total autorisé
(kg) |
2050 |
Poids total en ordre
de combat (kg) |
2500 |
Charge autorisée sur
essieu AV / AR (kg) |
800 /
1250 |
Charge autorisée
tractée freinée / non freinée
(kg) |
2000 /
750 |
Capacité du réservoir
(l) |
85 |
Autonomie
(km) |
700 |
Vitesse maximale
(km/h) |
130 |
Consommation en cycle
urbain (l/100 km) |
14,6 |
Consommation à 90 km/h
(l/100 km) |
10,5 |
Consommation à 120
km/h (l/100 km) |
15 |
Consommation en usage
tout-terrain (l/100 km) |
12 à
17 | |
Equipements et versions
militaires.
Au même titre que nous
prêtons une certaine attention aux accessoires d'époque pour
nos Audi, au petit détail qui fait la différence, les
passionnés de véhicules militaires en général et d'Iltis en
particulier sont également en traque d'équipements
spécifiques. Equipements qui ont bien souvent été récupérés ou
égarés avant la réforme du véhicule.
C'est le cas par exemple du
matériel standard de bord tel que défini par la Bundeswehr :
hachette, balayette,
lunettes de protection, jeu de drapeaux, burette d'huile, cric
bouteille, trousse de premiers secours, câble et crochet de
remorquage, jerrican, filet de camouflage, pelle, pochette
pour feuilles de route, panneau de régulation du trafic
(vert/rouge), lampe torche, kit de décontamination,
extincteur, etc. |
|
Dans le même ordre d'idée,
il peut être sympathique, lors d'un meeting de véhicules
militaires, de présenter son Iltis avec le kit de camouflage
anti-reflet, composé de housses pour le pare-brise (1 et 2),
pour les rétroviseurs (3) et pour les phares (4).
|
|
|
Nous ne pouvons pas proposer
un dossier spécial sur l'Iltis sans passer en revue les
principales versions utilisées dans les armées. A commencer
par l'Iltis radio... |
|
|
En réalité, il n'y a pas eu
une version radio, mais autant de versions que d'armées,
d'époques et de contextes d'utilisation. Du matériel 2W au
matériel 100W, de l'analogique des années 70 au numérique
monté actuellement sur les Iltis de l'armée belge, la liste
complète est impossible à dresser. Citons dans le désordre les
postes SAIT 20W, SAIT HF/BLU 100W largement utilisés par les
belges et remplacés progressivement à partir de 1993 par les
postes BAMS, ou encore les systèmes IRIS employés par les
canadiens. Les postes RITA (Réseau Intégré de Transmissions
Automatisé) constituent sans aucun doute les plus lourds
systèmes de radio-communication embarqués sur
l'Iltis. |
Comme en atteste la
photo ci-contre, l'Iltis peut accueillir jusqu'à trois
systèmes radio à bord. Sur cet exemple belge, l'aile
avant gauche reçoit l'antenne d'un poste BAMS 2W et
l'aile arrière gauche l'antenne pliable d'un poste BAMS
5W. A l'arrière droit, enfin, est fixé le mât du poste
II RITA PRA. |
 | |
La déclinaison la plus
originale de l'Iltis est probablement la version sanitaire. Là
encore, les configurations furent diverses et variées.
L'exemplaire de la première photo ci-dessous est, par exemple,
muni d'un snorkel à l'échappement. Non pas, comme on pourrait
le penser pour le passage de gués (ou tout au moins pas
seulement), mais surtout pour éviter que les gaz s'enfournent
sous la bâche rallongée ! Sur ce même exemplaire, il manque en
revanche le jerrican qui trouvait normalement sa place couché
sur le côté droit (alors que debout sur le côté gauche sur un
Iltis normal).
Les dernières photos de la
série suivante montrent un Iltis ambulance qui n'est plus en
service et qui a été restauré dans les règles de l'art par un
passionné. Notez le souci du détail dont ce dernier a fait
preuve, en recherchant le moindre accessoire de bord.
|
|
Outre sa vocation première
de véhicule de liaison rapide ou de régulation du trafic
militaire, l'Iltis a été amené à effectuer des reconnaissances
au sein de violents conflits. Il a donc fallu l'armer.
Ainsi naquirent les versions
"recce appui-feu" munies d'affûts pour diverses mitrailleuses
: de la modeste MINIMI (MINI-Mitrailleuse) de calibre 5,56 à
la MAG (Mitrailleuse Automatique à Gaz) 7,62.
Dans certains cas, l'Iltis
reçut même une mitrailleuse lourde avec affût disposé sur
l'arceau de sécurité. Il s'agissait d'un modèle Browning bien
connu et affectueusement baptisé "La Doucette" en raison de
son calibre (12,7). Sur des théâtres d'opérations
particulièrement sensibles, les Iltis de commandos
parachutistes bénéficièrent d'une puissance de feu plutôt
dissuasive, en associant par exemple une MAG à l'avant droit,
une Browning sur l'arceau et une MINIMI à l'arrière. De quoi
faire pâlir de peur les mythiques et terrifiantes Jeep SAS
(Special Air Service)... |
Passons ensuite à l'Iltis
anti-char équipé du dispositif MILAN ((Missile d'Infanterie
Léger ANtichar). Fabriqué par Euromissile, le MILAN autorise
la destruction de blindés dans un rayon de 2 kilomètres. Il
est généralement secondé par une lunette thermique MIRA
permettant la détection infra-rouge et le tir de nuit. Un rack
de stockage pour trois missiles supplémentaires est installé à
l'arrière. Les Iltis MILAN ont été utilisés aussi bien par
l'armée belge que l'armée allemande. Notons que l'implantation
du lance-missile (environ 18 kilos) sur l'arceau avait pour
fâcheuse conséquence de réhausser dangereusement le centre de
gravité du véhicule et de réduire ainsi ses capacités en
dévers, voire tout simplement de déteriorer sa tenue de route
en toute circonstance ! |
|
Voici ci-contre
l'Iltis anti-char en version canadienne. Comme on le
constate, l'arceau de sécurité est supprimé, permettant
l'installation d'une tourelle plus basse.
Le dispositif est un
TOW2, soit l'équivalent américain du MILAN précédemment
décrit.
Avec une portée de
quasiment 4 kilomètres, le TOW2 fonctionne sur le
principe du filoguidage par fibre
optique. |
 | |
Toujours au sein de l'armée
canadienne, l'Iltis fut équipé en véhicule poseur de ligne.
Sur les photos ci-dessous, de gauche à droite : un de ces
Iltis à l'époque où il était opérationnel (noir et blanc) puis
un autre en 2006, restauré et proposé à la vente. On
remarquera la bâche plus courte, le bâti support de matériel
(absent sur le modèle réformé) ainsi qu'un équipement
particulier. Notez également que l'ouverture arrière,
strictement spécifique à ce modèle, a nécessité le renvoi du
jerrican sur le côté gauche et le renvoi de la roue de secours
sur le côté droit. |
|
 |
Voici un autre Iltis,
réformé et propriété d'un passionné civil, qui a de
toute évidence connu une carrière de poseur de ligne :
(A) jerrican sur le flanc droit, (B) traces de fixation
des équipements spécifiques (C) bâche de type "bikini",
(D) traces de fixation du bâti porteur, (E) ouvrant
arrière, (F) moyeu de fixation pour la roue de secours.
| |
Comme cette photo en
atteste, des versions identiques ont existé au sein de
la Bundeswehr. Toutefois, le matériel placé sur le bâti
support dans le cas de la version canadienne est ici
fixé sur les flancs de l'engin. |
| |
Enfin et pour clore ce
chapitre sur les différentes configurations militaires de
l'Iltis, il reste à évoquer les variations mineures,
essentiellement matérialisées par des couleurs qui leur sont
propres. C'est le cas des Iltis pompiers militaires, rouges
évidemment. Ou encore des Iltis affectés aux sections de
déminage belges, reconnaissables à leur peinture signalétique
orange fluorescent. |
|
Olive Drab.
Et puisque nous parlons de
couleurs, voyons justement quelles étaient les peintures de
guerre du putois. Si les teintes allant du brun au vert ont
évidemment la faculté de bien se confondre avec le décor
naturel, elles ont aussi la particularité d'avoir une faible
signature infrarouge.
A l'usine d'Ingolstadt,
seulement deux couleurs ont été appliquées aux Iltis destinés
à la Bundeswehr. Le RAL 6014 (aussi baptisé "olivgrün" ou
"gelboliv") fut utilisé durant la période VW1. A partir de
1985 (donc VW2), c'est le RAL 6031 ("bronzegrün") qui fut
employé. La simplicité de cette évolution permet donc
aujourd'hui, en théorie au moins, de dater avec précision un
Iltis. |
|
|
En théorie, car dans la
réalité, la plupart des Iltis ont été repeints, puis repeints
encore. De surcroît, pas toujours avec les références de
peinture originales précédemment évoquées. De plus, si les
Iltis étaient invariablement livrés unis, que ce soit par
l'usine Audi comme par l'usine Bombardier, chacune des armées
a appliqué a posteriori des schémas de camouflage en fonction
des besoins.
Le plus connu de ces schémas
est appelé "Centre Europe" chez nous, "RBT"
(Régions Boisées Tempérées)
chez nos cousins québecois ou "NATO-Flecktarnanstrich" chez
nos amis allemands (NATO, car il s'agit effectivement d'un
schéma de camouflage standard fixé par l'OTAN).
Il est réalisé par l'ajout
de motifs bruns (RAL 8027) et noirs (RAL 9021) selon une
disposition invariable et clairement
spécifiée. |
|
|
En effet,
contrairement peut-être à ce que certains
pourraient penser, le camouflage n'est pas laissé
à la libre appréciation et inspiration du peintre.
Il convient donc, lors d'une restauration par
exemple, de bien tenir compte du schéma OTAN par
souci de précision historique.
Ci-contre, trois
exemplaires distincts d'Iltis ex-Bundeswehr qui
ont reçu le camouflage OTAN présentent, comme on
l'a mis en évidence, une correspondance parfaite
avec la disposition type.
A contrario,
voici ci-dessous l'exemple de ce qu'il ne faut pas
faire, ou une peinture réalisée en dépit du bon
sens : emplacement incorrect des motifs, mauvaises
références de couleurs.
|
 | | |
On trouve par ailleurs, sur
des Iltis aujourd'hui retraités dans la circulation civile,
quelques autres schémas à l'instar de celui présenté sur les
trois photos suivantes. Voilà qui semble correspondre
approximativement au RA (Régions Arides) utilisés dans
certains conflits, comme par exemple l'opération Desert Storm
de 1991. |
|
|
Toutefois, après
maintes recherches documentaires, nous n'avons pas
retrouvé trace d'Iltis opérationnels ayant reçu
exactement ce type de camouflage. Le seul cliché que
nous ayons récupéré et sur lequel figure un Iltis
Bombardier canadien en opération dans une région
désertique est présenté ci-contre. Or, comme vous le
constatez, la teinte sable est unie. Ceci étant dit, ça
n'est pas parce que notre recherche a été vaine sur le
sujet, que ce camouflage n'a pas effectivement existé.
|
| |
En revanche, une livrée qui
fut très largement utilisée sur les Iltis est le blanc de
l'Organisation des Nations Unies. Deux variantes existent, la
première avec le drapeau de la nationalité sur les flancs et
le capot, la seconde, celle que l'on connait davantage, avec
le marquage "UN" en lieu et place des drapeaux
: |
|
|
Lors par exemple de
l'opération Restore Hope de 92 en Somalie, les Iltis belges
revêtaient la première variante : blanc ONU et drapeau
national. Les paras conservaient alors le béret de leur
spécialité. A l'inverse, au Rwanda, les Iltis devinrent "UN"
et les bérets spécifiques durent être échangés contre les
bérets (ou casques...) bleus.
Vous comprendrez dès lors la
raison pour laquelle nous parlions d'Iltis peints et repeints.
Notez sur la photo ci-dessus (l'exemplaire détruit), l'arceau
qui est resté dans le vert RAL 6031 d'origine alors que le
reste du véhicule a été hâtivement recouvert de blanc. Même
chose sur cet exemplaire canadien (ci-dessous) qui a conservé
son vert bronze d'origine à l'intérieur malgré le blanc UN à
l'extérieur. |
|
C'est encore sans compter
qu'à leur retour de campagnes, ces Iltis "onusiens" pouvaient
de nouveau être repeints en vert ou en camouflage Centre
Europe !
En résumé, lors de la
restauration d'un Iltis ex-militaire, il n'est pas rare de
devoir gratter deux ou trois couches de peintures successives.
Le bon côté de la chose, c'est qu'il s'agit en définitive d'un
bon moyen pour retracer, au moins partiellement, l'historique
de sa carrière.
Achevons le chapitre des
peintures avec celles qui furent disponibles pour la version
civile. Aucune teinte métallisée ne fut proposée pour l'Iltis
parmi les huit coloris : Blanc Alpes, Beige Colorado, Brun
Havane, Jaune Lima, Rouge Mars, Bleu Monaco, Olive (teinte
mate) et Vert Sonde. Olive correspond en réalité au RAL 6014
vu précédemment et réservé à la Bundeswehr. Pour les autres
nuances, vous pouvez vous reporter au nuancier ASC pour avoir un
aperçu. |
L'énigme du putois pliant
!
En mai 2005, au cours d'une
discussion à propos de l'Iltis sur nos forums, un membre ASC
nous alerte à propos d'un problème structurel sur cet engin.
Christian, ancien militaire dans l'armée belge, nous affirme
que l'Iltis a une bien fâcheuse tendance à plier sous les
contraintes du terrain. Des propos qu'il étaie même d'une
photographie prise par ses soins à l'époque.
|
|
Nous restons tout de même
dubitatifs. Comment imaginer un seul instant qu'un véhicule
qui a passé avec succès des tests d'héliportage (résistance à
8G selon le cahier des charges) et même de parachutage, puisse
se plier comme de la guimauve sur la moindre bosse ?
Pourtant, lors de la
préparation de ce dossier spécial, nous découvrons avec une
certaine stupeur deux autres témoignages, absolument non
concertés, allant dans le même sens ! L'un émane d'un
militaire canadien, l'autre d'un militaire belge à nouveau. Et
les deux avouent également avoir vu des carrosseries d'Iltis
se plier en tout-terrain. Autant dire que l'affaire revêt une
autre dimension, puisque comme l'écrivait un grand philosophe
: "Un barbu c'est un barbu... Trois barbus c'est des barbouzes
!".
C'est seulement à force de
longues recherches sur le sujet que nous découvrirons,
finalement, une petite information qui aurait pu paraître
anecdotique, mais qui s'avère sans aucun doute être la clé du
mystère. Figurez-vous que l'usine de Valcourt utilisait des
feuilles de tôle brute d'une épaisseur significativement
inférieure à celles employées à Ingolstadt ! Voilà que tout
devenait limpide. Voilà qui expliquait pourquoi les cas de
carrosseries pliées ne concernaient que des Iltis belges ou
canadiens (en provenance de l'usine de Valcourt) alors que les
versions Volkswagen n'ont jamais souffert de la moindre
critique. Voilà qui expliquait pourquoi les Iltis canadiens
sont réputés en mauvais état, conduisant les passionnés à
s'approvisionner en Allemagne, quitte à payer le prix fort
pour avoir une version qui ne soit pas épaisse comme une
canisse de bière. Voilà enfin pourquoi il n'est pas nécessaire
de se réjouir hâtivement de l'arrivée des Iltis belges sur le
marché de l'occasion. Démonstration en
photos... |
|
|
Cette découverte nous amène
aussi à nous interroger au sujet des Iltis VW2. Comme vous
aurez pu le constater au début de ce dossier, de 1985 à 1988,
il y a eu production simultanée d'Iltis à Valcourt et à
Ingolstadt. Or, on l'a dit, la ligne d'assemblage et surtout
les presses d'emboutissage ont été déménagées au Québec en
1983. Compte-tenu du coût d'un tel outillage, rapporté au
nombre d'unités tombées des chaînes à Ingolstadt durant cette
période VW2, on peut raisonnablement avancer l'hypothèse selon
laquelle Audi a tout simplement fait venir des carrosseries de
Valcourt. Comme ce fut le cas à l'usine Volkswagen de Forest
pour les exemplaires belges. Et vous l'aurez compris, il
semble dès lors légitime de s'interroger aussi sur l'épaisseur
des tôles employées pour ces ultimes
Iltis... |
Omaha Beach ou Long
Beach.
Par la force des choses,
l'essentiel de ce dossier est consacré aux versions militaires
de l'Iltis. Toutefois, nous ne pouvions pas occulter la
version civile, quand bien même elle ne représente qu'une
infime partie de la production totale.
Y compris en Allemagne, qui
est pourtant le marché ayant reçu la majorité de ces Iltis en
tenue de ville, un putois civil est considéré comme une
voiture rare et désirable. A l'image de ce superbe exemplaire
beige Colorado récemment acquis par un passionné allemand
: |
|
|
Notez l'installation radio
d'origine (en mono avec un seul HP), les vitres en dur, ainsi
que l'aile avant plate, démunie des supports d'antenne et de
drapeau. La bâche et les portes étaient disponibles en cinq
coloris : vert bronze et vert bronze avec camouflage OTAN
(armée), vert foncé, bleu foncé ou sable clair comme c'est le
cas sur l'exemplaire en photo. |
|
Comme c'était très en vogue
au début des années 80, certaines entreprises ont produit des
équipements spécifiques destinés à personnaliser l'Iltis. Le
kit présenté ci-après, composé d'une nouvelle calandre,
d'élargisseurs d'ailes, et d'un hard-top fort esthétique,
transfigure totalement le putois : |
|
|
Voici deux autres
interprétations du hard-top, la seconde étant l'oeuvre très
actuelle d'une entreprise belge : |
|
|
Dakar 80 : veni, vidi,
vici.
Volkswagen engagea quatre
Iltis au Paris-Alger-Dakar de 1980. Avec un succès indéniable
puisque, non seulement les quatre engins rallieront l'arrivée,
mais aux première, seconde, quatrième et neuvième places.
Soulignons que cette neuvième place sera remportée avec
l'Iltis d'assistance ! Roland Gumpert lui-même, qui était aux
commandes de ce putois, s'avouera étonné de réaliser un aussi
bon résultat avec un Iltis chargé à bloc de pièces de rechange
et qui n'avait aucune autre prétention que d'assister ses
compères. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce chapitre
que nous avons par ailleurs largement développé dans un
précédent article consacré à Jean Ragnotti (cliquer
ici pour relire). On y ajoutera simplement quelques propos
recueilli auprès de Patrick Zaniroli, pilote du n°136 :
"Mon Iltis était strictement de série, à part un arbre à
cames et un carbu plus gros. Cette voiture est incassable de
série." |
|
Guide d'achat.
Civil ou militaire
?
Disons-le de suite, même si
nous l'avons à plusieurs reprises déjà sous-entendu, trouver
un Iltis civil est à peu près aussi facile que de trouver un
cachou dans un plat de lentilles avec les yeux bandés et des
gants de boxe. Autant dire qu'il vaut mieux d'emblée oublier
l'idée. Au-delà des douze malheureuses unités importées
officiellement chez nous, nos voisins allemands gardent
jalousement leurs exemplaires. Il faudra donc se diriger vers
un Iltis ex-armée.
Essence ou turbo
diesel ?
Là encore, il est à craindre
que le futur propriétaire français d'Iltis n'ait guère le
choix. Les rares versions turbo diesel de l'ère VW2 sont aussi
avidement disputées par les teutons. Bien entendu plus
économiques à l'usage, elles sont aussi plus récentes, souvent
fort peu kilométrées et dans un très bel état (avec toutefois
une réserve quant à la qualité de la tôle, comme on l'a
évoqué). Enfin, la version diesel n'a pas, théoriquement, reçu
d'homologation de la DRIRE pour une immatriculation en
France.
Bombardier ou
Volkswagen ?
Ecartons de suite les
versions Bombardier de la Défense Nationale Canadienne qui, à
moins d'un mouvement tectonique imprévu, ne nous concernent
pas dans l'immédiat. L'alternative se résumera donc à un Iltis
ex-Bundeswehr ou à un Iltis ex-armée belge. Or, notre chapitre
intitulé "l'énigme du putois pliant" devrait être assez
explicite pour que nous n'ayons pas à vous conseiller
chaudement une version assemblée à Ingolstadt.
Où et comment en
trouver un ?
Il existe, en France,
plusieurs spécialistes du négoce de véhicules militaires qui
proposent assez régulièrement de beaux Iltis. Il existe même
un spécialiste... de l'Iltis ! Si vous ne vous sentez pas
avoir le flair (si on peut dire) nécessaire au dépistage de la
"merguez" version ration de combat, vous devriez vous adresser
à l'un de ces spécialistes. Les exemplaires proposés sont
souvent en très bel état, révisés voire restaurés. Bien
entendu, tout se paie, et les tarifs affichés se situent plus
volontiers entre 7000 et 10 000 euros. Mais vous pouvez aussi
vous débrouiller seuls en épluchant les petites annonces de
particuliers. Dans ce cas, nous vous invitons sincèrement à
vous déplacer, ausculter et essayer. En un mot, plus que pour
n'importe quelle Audi : ne pas céder au coup de coeur. En
effet, vous ne pourrez vous fier au kilomètrage annoncé, dans
la mesure où les Iltis militaires sont globalement peu
kilométrés et qu'il ne s'agit donc pas d'un critère fiable.
Entendez par là qu'un Iltis de 35 000 km peut avoir une
carrosserie en dentelle de Calais alors qu'un autre de 85 000
sera bien mieux conservé. Vous ne pourrez pas vous
fier non plus aux factures d'entretien, tout au moins pendant
la carrière militaire. Notez à ce propos que l'entretien
prodigué par l'armée oscille souvent entre le juste nécessaire
et le très mauvais. Normal pour des véhicules qui
n'appartiennent à personne et à tout le monde à la
fois.
A quel prix ?
Au cours de ce dossier nous
avons annoncé une fourchette allant de 3000 à 8000 euros,
fourchette qui reflète les prix des transactions effectuées
ces derniers mois. Mais comme précisé à l'instant, un
professionnel pourra proposer un Iltis révisé, exempt de vice
et dans un état irréprochable, éventuellement avec une petite
garantie, pour un peu plus cher. Disons que 10 000 euros nous
paraît, de toute façon, la somme maximale à débourser et à ne
pas dépasser pour un Iltis exceptionnel. A l'inverse, vous
trouverez probablement, dans les annonces particulières, des
Iltis pour moins de 3000 euros. Dans ce cas, la prudence est
de rigueur. Certes, il s'y cache peut-être l'affaire du
siècle, toutefois, prenez garde aux cartes grises (de
collection, voire absence de carte grise), à la corrosion
(voir chapitre suivant), aux éléments manquants et aux
modifications effectuées.
Carrosserie : le point
noir.
Vous connaissez déjà la
vulnérabilité à la corrosion des Audi produites avant le
milieu des années 80. L'iltis n'échappe pas à la règle bien au
contraire. Son exposition courante aux intempéries, à
l'humidité, au sel, conjuguée à un entretien rarement choyé,
le conduit presque toujours à se transformer en gruyère. De
plus, comme on l'a dit, les Iltis ayant participé à plusieurs
campagnes nécessitant des changements de livrées, revêtent
deux ou trois couches de peintures successives masquant
avantageusement la corrosion. L'aimant est de rigueur. Voyez
ci-après les photos d'un Iltis qui, sur le cliché d'ensemble,
présente plutôt bien. Pourtant, à y regarder dans le détail,
il s'avère que d'importants travaux de tôlerie seront
nécessaires. Lors de l'inspection de la carrosserie, prenez
soin d'examiner aussi le châssis pour les mêmes raisons.
Enfin, assurez-vous que la bâche, les portières, et les
vitrages souples soient exempts de déchirures et que tous les
éléments de fixation soient présents.
|
|
|
Moteur : du
solide.
Côté mécanique en revanche,
le 1,7 litre répond sans souci aux critères qui font la
réputation justifée de fiabilité des blocs Audi-VW. Même si
chaque Iltis a dû, un jour ou l'autre, passer entre les mains
de bidasses peu précautionneux, il est bien rare que le moteur
conserve de graves séquelles.
Electricité :
attention aux bidouilles.
Comme on l'a dit, les Iltis
militaires sont aux normes OTAN à savoir en 24 volts. Ce qui
bien entendu implique que les éléments électriques de rechange
ne peuvent être trouvés que dans les stocks militaires, à des
tarifs rarement comparables à ceux de leurs homologues 12
volts. Raison pour laquelle, beaucoup des premiers
propriétaires civils ont été tentés de passer tout ou partie
du faisceau et des organes en 12 volts. C'est bien là que
commence la fête à Neuneu. Si certaines modifications ont été
faites avec bon sens (et avec un schéma en archives), il y a
eu aussi beaucoup de bidouillages de fortune qui, en cas de
panne à venir, vous promettront de nombreuses heures
d'amusement. Il est donc intéressant de bien inspecter ce
point particulier et de bien se faire expliquer par le vendeur
ce qui a été fait en la matière.
Transmission :
indestructible.
Le terme n'est pas usurpé. A
l'instar de nos quattro première génération, la chaîne
cinématique de l'Iltis est quasiment in-des-truc-tible. Le
seul élément qui méritera d'être vérifié est l'embrayage. Non
pas qu'il soit fragile, puisque identique à celui des 100 type
43 sur lesquelles il peut atteindre les 250 000 voire plus,
mais il a simplement dû encaisser davantage de contraintes sur
l'Iltis (évolution tout-terrain, charges remorquées et
embarquées, etc.)
Decret du 23 novembre
2005 : intox.
Il s'agit du fameux décret
relatif à la détention de véhicules militaires de collection
qui, par manque de clarté, a déclenché un véritable tollé dans
la communauté de l'automobile ancienne. Au moment de sa
parution, beaucoup ont cru comprendre que ces véhicules
militaires allaient être déclarés en 2ème catégorie, c'est à
dire considérés comme armes de guerre. A ce titre, il allait
falloir déclarer la détention de tels engins en Préfecture
afin de procéder à leur destruction pure et simple.
Finalement, devant une telle
levée de boucliers, le Ministère de la Défense et celui de
l'Intérieur ont bien clarifié les choses : les véhicules du
type Dodge ou Jeep (donc Iltis) ne sont évidemment pas
concernés par le décret du moment qu'ils sont exempts
d'armements. Les passionnés d'Iltis peuvent donc dormir sur
leurs deux oreilles et remettre à plus tard l'angoisse de voir
leur engin pilonné sur décision
préfectorale.
Disponibilité des
pièces.
Alors là, ça n'est que du
bonheur. L'ensemble des pièces empruntées aux gammes VW et
Audi est disponible à profusion et à des tarifs tout à fait
raisonnables. Quant aux pièces ou accessoires spécifiques à
l'Iltis, il existe plusieurs entreprises spécialisées,
notamment une très connue en Belgique, qui peuvent vous
fournir absolument tout en neuf. N'oubliez pas que chacune des
armées ayant utilisé l'Iltis dispose encore aujourd'hui de
stocks de pièces quasiment pharaoniques. A l'instar des Jeep
Willys pour lesquelles on trouve toujours des NOS (New Old
Stock) de l'armée américaine, il est probable qu'on puisse
faire rouler chaque Iltis encore sans problème pour les 50
prochaines années ! En terme de tarifs, certaines pièces
spécifiques (électricité 24 volts, on l'a dit) sont un peu
chères, mais globalement, l'entretien ou la restauration d'un
Iltis restent accessibles à la majorité.
Entretien et
restauration.
Ici encore, l'Iltis ne vous
apportera que du bonheur. Tout d'abord en terme
d'accessibilité. Fini les gros doigts qui ne passent pas pour
aller chercher l'écrou vicieusement dissimulé, dans l'Iltis il
y a de la place dessous, dessus, dedans. Et puis son extrême
rusticité devient un formidable atout pour l'entretien au
quotidien : moins d'équipements, c'est moins de pannes. En
matière de carrosserie, on l'a vu, le concept coque et châssis
séparés est idéal pour mener une belle restauration. Quant à
la peinture, il ne fait pas de doute qu'on oublie les teintes
métallisées, nacrées, perlées, et que la tenue de combat d'un
Iltis est réalisable par le plus
novice.
Modification
moteur.
Pas même l'Iltis n'échappe à
la fureur des apprentis sorciers. Il est vrai qu'avec ses 75
chevaux, le putois n'est pas un foudre de guerre, si tant est
qu'on puisse dire ça d'un engin militaire. De même, la
compatibilité avec la quasi totalité des 4 cylindres VW-Audi
est tentante pour qui souhaite plus de chevaux. Cela dit,
restons sérieux, l'Iltis ne sera évidemment jamais l'auto
idoine pour abattre des chronos à Magny-Cours... Quoi qu'il en
soit, il est assez fréquent de trouver des Iltis "swappés" que
nous vous conseillons de fuir comme la peste. Cela va du 1800
des 80 GTE, modification la plus courante, aux culasses
multi-soupapes de Golf 16S ! Hormis l'évidence, on ne le dira
jamais assez, que ces montages sont parfaitement illégaux sur
la voie publique, soulignons qu'ils sont d'autant plus
dangereux que la liaison au sol de l'Iltis n'est absolument
pas étudiée pour. Un Iltis d'origine peut déjà s'avérer
délicat dès lors qu'on s'amuse à le malmener sur route
goudronnée, il va donc sans dire qu'avec 40 ou 60 chevaux
supplémentaires, on court au suicide. Ajoutons encore qu'il
faudra dire adieu aux excellents angles d'attaque, de fuite,
ou de dévers dont est capable l'Iltis en franchissement, dans
la mesure où une injection mécanique s'accommode beaucoup
moins bien des changements d'assiette que le 1B1 prévu à cet
effet. Sans parler de l'admission et de l'allumage étanches
qui doivent sauter, ou encore du faisceau qui doit être
sévèrement revu et corrigé (12 volts et ajouts de fonctions)
pour accepter les organes propres à un K-jetronic.
Définitivement et plus que pour toute autre Audi, un Iltis
doit rester d'origine.
|
|
Modification
châssis.
Outre le moteur, l'Iltis
peut également être modifié pour accroître ses capacités en
franchissement. Sa conception châssis et coque séparés
autorise le montage de kits de réhausse. Entendez par-là un
jeu de cales qui s'insère aux points de fixation de la caisse
sur le châssis. Bien entendu, la réhausse n'a pas d'incidence
sur la garde au sol, mais permet en revanche l'installation de
pneus plus larges et/ou de plus grand diamètre. Mais attention
! Une réhausse impose également de lourdes modifications au
niveau de tous les éléments interférant entre la caisse et le
châssis : colonne de direction, flexibles de freins, etc.
Le choix d'un kit
d'amortisseurs qui, lui, agit directement sur la garde au sol,
est grandement limité. En effet, contrairement à ses
homologues et à cause de son architecture semi-triangulée à
roues indépendantes, l'Iltis ne s'accomode que jusqu'à un
certain point d'amortisseurs plus longs. Au-delà, évidemment,
les cardans ne suivent plus. Là encore, tout Iltis équipé
d'une manière ou d'une autre de réhausse ou de tout kit
destiné aux terrains trialisants, sont, selon nous, à éviter.
|
|
Modification des
batteries.
Voilà, a contrario, une
modification qui nous semble pleine de bon sens. Certains
propriétaires d'Iltis ont jugé bon de déplacer les batteries,
originalement comme on l'a vu disposées sous la banquette
arrière, dans les bacs de rangement de la baie moteur. Il
suffit pour cela de souder des supports rapportés et de
modifier légèrement le câblage. Quels avantages ? D'une part
de libérer le plateau arrière pour ceux qui souhaitent une
utilisation purement utilitaire (en supprimant également la
banquette), d'autre part de permettre un gain intéressant en
matière de sécurité. En effet, en cas de retournement (figure
plus fréquente en tout-terrain que sur route...) il est
toujours préférable d'avoir les batteries pleines d'acide sous
le capot... que sur la tête ! La maigre contrepartie est
le sacrifice d'un peu de ces espaces de rangement par ailleurs
bien pratiques. |
C'est ici que nous refermons
ce dossier spécial 2007 consacré à ce qui restera une des Audi
les plus exotiques de l'histoire de la marque. Car même si cet
engin a été victime d'une usurpation d'identité, au même titre
d'ailleurs que la Golf et l'ensemble des vévés watercooled qui
en découleront (issues elles aussi de l'ingénierie Audi), il
suffit vraiment de peu de choses pour remettre l'église au
centre du village... |
| | |